L'ENSA, l'école nationale de ski et d'alpinisme
Cette année Whympr est partenaire officiels de l’ENSA. Pour beaucoup d’entre nous, l’ENSA rime avec guide de haute de montagne. Mais le rôle et l’importance de l’école nationale de ski et d’alpinisme dépasse largement la simple formation.
Ce partenariat a pour but d’améliorer notre application mobile grâce à l’aide des professionnels de la montagne, mais il est également l’occasion de se pencher un peu plus sur ce qu’est l’ENSA… Jean-Sébastien Knoertzer, guide et conseiller technique/pédagogique à l’ENSA nous a livré les secrets de la plus célèbre école de Chamonix…
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Dessine-moi une école…
L’ENSA, l’école nationale de ski et d’alpinisme est ancrée dans le paysage montagnard de Chamonix au même titre que les aiguilles et les sommets enneigés.
Véritable institution, elle a été créée en 1943 sous l’impulsion des guides Michel Bozon et Jean Franco, dont le second deviendra directeur en 1957.
À l’origine, l’ENSA avait deux missions principales. La première était d’assurer la formation des professionnels des sports de montagne. La seconde, d’élaborer des méthodes d’enseignements en matière de ski et d’alpinisme.
Initialement basée dans une maison aux Praz de Chamonix, l’école a accueilli les plus grands noms de l’alpinisme tels que Armand Charlet, Lionel Terray, ou encore Louis Lachenal.
L’importance de l’ENSA grandit progressivement, et les demandes de formation ne font qu’augmenter.
Pour remédier à l’étroitesse des anciens locaux, l’ENSA déménage dans les années 70 en centre ville, pour occuper les fameuses « Tours de l’ENSA », devenues caractéristiques de Chamonix.
En 2018, l’ENSM, école nationale des sports de montagne a réuni l’ENSA à Chamonix et le CNSNMM (centre national de ski nordique et de moyenne montagne) au Prémanon dans le Jura.
Aujourd’hui l’ENSA regroupe trois départements :
- le monitorat de ski
- le monitorat de guide haute montagne (situé dans le département alpinisme qui forme aussi les pisteurs secouristes ainsi que les DE canyoning réservés aux guides)
- le monitorat de parapente
Hormis les formations, l’ENSA abrite trois autres pôles de recherche/documentation :
- Le laboratoire de test de matériaux a pour objectif d’analyser les nouveaux outils destinés à l’alpinisme, et fournit des expertises relatives aux accidents en montagne.
- Le laboratoire de recherche médicale se concentre sur la haute altitude, qu’il s’agisse de l’acclimatation ou des performances sportives.
- Le centre de documentation, connu dans le monde entier, abrite une riche médiathèque relative à la montagne, qu’il s’agisse de topos ou de films sportifs.
L'ENSA : une école et un laboratoire
L’ENSA a une expertise unique en matière de ski et d’alpinisme. C'est un pole de recherche et développement et d’archive qui fait référence dans le monde. Elle fait aujourd’hui figure d’autorité dans le monde de la montagne. Référence ultime, c’est elle qui valide ou non les pratiques en les intégrants dans ses formations. Elle décide des usages, et représente l’éthique.
Cette position hégémonique lui vaut forcément quelques critiques. Parmi elle, celle de rester hermétique aux nouvelles pratiques revient régulièrement.
Souvenons nous, de l’époque où Armand Charlet régnait en maitre glaciériste sur l’ENSA. Les avancées techniques telles que les pointes avant sur les crampons ont mis beaucoup de temps à entrer dans les mœurs de la grande école, tandis qu’elles étaient déjà intégrées depuis longtemps par les alpinistes de diverses nationalités.
Mais nous ne sommes plus dans les années 70 où Cecchinel devait se battre pour enseigner ses techniques de cramponnages.
L’ENSA évolue, et se veut aujourd’hui à l’affut de toutes les nouveautés. Qu’il s’agisse de renouveau dans le matériel, ou de nouvelles pratiques sportives, les conseiller.ère.s techniques étudient attentivement les tendances et l’actualité montagnarde.
Jean-Sé nous le répète, l’ENSA veut changer son image de « Sorbonne du crampon », et rester ouverte aux évolutions.
Pour répondre à la demande grandissante, l’escalade en cascade de glace est enseignée depuis 2018 dans le cursus de guide.
En 1998, c’était le ski qui était intégré à l’examen probatoire des guides, toujours pour répondre aux besoins de la clientèle. A ce jour, c’est même le ski de pente raide qui est enseigné.
Mais toutes les tendances ne sont pas bonnes à suivre. Le rôle de l’ENSA est justement d’évaluer ce qui relève de la mode éphémère, ou du changement durable.
Jean-Sé site les exemples du dry-tooling (pratique consistant à grimper en rocher avec les crampons/piolets destinés à la cascade de glace) ou du base jump (activité où le pratiquant saute en parachute du haut d’une falaise ou d’un immeuble) comme des activités émergentes mais pas suffisamment établies pour être enseignées.
Le « One Push », nouvelle discipline à l’importance grandissante est également en train de rejoindre l’enseignement de l’ENSA. Pour l’instant simplement évoquée aux stagiaires, elle ne constitue pas encore un stage à part entière dans la formation.
Cette pratique, directement influencée par l’essor du trail, et de plus en plus plébiscité pour l’ascension du Mont-Blanc, permet de rejoindre le sommet d’une seule traite en partant du bas. Demandant des compétences bien particulières, peut-être rejoindra t-elle le panthéon des stages de formation du guide.
Autre grande tendance, l’escalade trad, ou traditionnelle, qui consiste à poser ses propres protections sur le rocher. Après des années où le style Piola et son équipement dominait, c’est désormais le grand retour des coinceurs et des friends. Les aspirants guides ont maintenant trois jours de formation pédagogique pour enseigner à leurs clients, de plus en plus nombreux, les secrets du trad.
Enseigner et s’adapter au changement (surtout climatique)
Le facteur qui a le plus bouleversé l’enseignement de l’ENSA est certainement le changement climatique.
Entre préservation et adaptabilité, le réchauffement a bouleversé les usages de la montagne.
En premier lieu, l’ENSA tente d’apprendre aux guides a « éduquer » leur clientèle. Il s’agit de changer l’état d’esprit global puisque l’un des bras de levier principal est d’influer sur la périodicité.
Par exemple, la majorité des demandes concerne les courses d’arrêtes de neige. Les guides doivent apprendre à leur client que ce type d’itinéraire se pratique désormais au printemps, ou en hivernal, entrainant la contrainte de jours plus courts, du froid et potentiellement des bivouacs. Bien que ces courses se parcouraient auparavant en été, il n’est aujourd’hui que très rarement possible de faire l’arête Kuffner (Mont Maudit - Arête Kuffner - Mont Maudit - Mont-Blanc - France) en plein mois d’août.
Cet été, les risques d’éboulements et d’effondrements ont particulièrement impacté les enseignements de l’ENSA.
Le stage de guide du mois d’août, qui se déroule en temps normal dans le massif du Mont-Blanc, à finalement eu lieu dans les Préalpes, une première !
Les professeurs ont appris à leurs stagiaires la trop grande instabilité du massif en été, et c’est désormais a eux de transmettre cette prise de conscience à leur client.
L’enjeu l’été passé a été pour les professeurs de faire de la formation sans se rendre en haute montagne. C’était au final une belle opportunité pour l’ENSA de prouver qu’il est possible de proposer un enseignement de qualité sans se rendre en haute altitude. Entre traversée d’arêtes calcaires dans les Aravis supplément bivouac, traversée des Aiguilles rouges ou escalade artificielle avec nuit en portaledge, les stagiaires ont été gâtés.
Ludovic Ravanel, géomorphologue et spécialiste de l’évolution des milieux de haute montagne, a été d’une grande aide pédagogique pour l’ENSA.
Ses régulières interventions auprès des stagiaires ont éveillé les consciences.
Lors des exercices avec les « élèves d’application », plus communément appelés les « cobayes », la décision a été prise de ne pas se rendre dans le massif du Mont-Blanc. Les explications scientifiques de Ludovic ont grandement aidé les élèves à envisager l’instabilité du massif cet été.
L’ENSA se doit de donner l’exemple en ne se rendant pas en montagne, les conditions étant trop dangereuses. De la même manière que les pentes raides sont à proscrire en risque 4, certains lieux en été doivent être évités en raison des risques d’effondrements.
A l’avenir, des mini stages de 3/4 jours vont être intégrés au cursus de guide, grâce à Ludo, afin d’être capable d’évaluer ces risques d’effondrements. Cette formation est déjà en place pour la nivologie, science portant sur l’analyse du manteau neigeux et des risques d’avalanche.
Les femmes guides de haute montagne
Autre point, relativement nouveau dans l’enseignement de l’ENSA, le nombre croissant de femmes guides de haute montagne.
En 1983 Martine Rolland devenait la première femme guide de haute montagne en France.
En 2017, c’était 7 femmes qui sortaient diplômées guide de la promotion.
L’ENSA a choisi de proposer exactement la même formation et d’exiger les mêmes compétences, quelque soit le genre.
Une petite différence minime réside dans le poids du sac à dos à porter lors de l’épreuve probatoire (6 kilos au lieu de 8).
Un choix égalitaire qui importe autant aux élèves qu’aux professeurs.
Et les outils numériques dans tout ça ?
Whympr et Iphigénie collaborent désormais avec l’ENSA, l’occasion pour nous de rencontrer Hervé Qualizza, responsable de ce partenariat. Ensemble nous avons discuté de l’intégration des nouvelles technologies en montagne, qu’il s’agisse de professionnels ou d’amateurs.
L’outil cartographique doit, d’après Hervé, être utilisé en premier lieu pour se repérer et préparer son itinéraire. Si les GPS et les cartes papiers existent depuis bien longtemps, une app cartographique amène une plus grande simplicité, un gain de praticité, et surtout un grand confort.
Attention cependant à ne pas tout déléguer aux applications. Outre la position, le guide ne peut pas omettre des paramètres aussi variés que la quantité de neige fraiche, l’état des clients ou encore le micro relief, pour pouvoir progresser en sécurité.
Le savoir-faire boussole/carte/altimètre est complémentaire à l’application cartographique. Personne n’est à l’abri d’une panne de smartphone ! Le guide est toujours le seul responsable de la sécurité, et non l’application.
Whympr en soutien aux guides
Une application « portail » comme Whympr, permettant de regrouper toutes les sources d’informations pour une course, et est un outil très utile pour le guide comme pour l’amateur. Avoir au même endroit les topos papiers payants ou le communautaire tel que Camptocamp ou Skitour, est un gain de temps appréciable lors de la préparation.
La formation de guide apprend aux aspirants à décortiquer une sortie en trois temps : avant/pendant/après.
Pour les guides, Whympr intervient dans le moment « avant » pour s’informer auprès de multiples sources sur une seule plateforme.
Préparer une sortie signifie également anticiper la potentielle absence de réseau en montagne. Pour cela, toujours télécharger hors-ligne les données pour ne pas se retrouver pris au dépourvu.
La troisième facette de ces outils numériques est l’échange entre pratiquant. Hervé est honnête, les guides ne partagent pas beaucoup leurs informations. A la manière des coins à champignon que l’on garde pour soi, les professionnels de la montagne aiment tenir secret leurs plus beaux spots qui sont le fruit de nombreuses années de travail et d’expérience.
Il faut également rester prudent face à la forte affluence que peut générer la nouvelle d’une course en condition. S’échanger des bons plans, c’est bien, mais pas au détriment de la sécurité!
En somme pour Hervé, l’outil numérique idéal permettrait d’être le plus efficace possible dans ses recherches et seraient adaptable en fonction des besoins des pratiquants.
Et tu sais que tu peux compter sur Whympr pour devenir un outil le plus ergonomique possibles 😉
En pleine saison d’hiver, c’est le moment de penser à nous pour préparer tes sorties ski, alpi ou raquette !
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